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HomeActualitĂ©sPolitique BelgeL’unité nationale est une tromperie !

L’unité nationale est une tromperie !

L’unitĂ© nationale est le nouveau mantra du gouvernement et de la plupart des partis politiques. Il est rĂ©pĂ©tĂ© indĂ©finiment dans chaque dĂ©claration politique, dans chaque Ă©ditorial des mĂ©dias grand public, dans chaque communiquĂ© de presse du gouvernement. Dans les situations de crise, les gouvernements impopulaires font souvent appel Ă  ce sentiment. Ils espĂšrent ainsi cacher leurs propres divisions, mais surtout, ils tentent de dissimuler les vĂ©ritables antagonismes de classe.

Des Ɠillùres

« L’unitĂ© nationale Â» est un slogan creux. Il n’y a pas d’unitĂ© possible entre d’un cĂŽtĂ© les patrons qui, dans de nombreuses entreprises, donnent la prioritĂ© Ă  la poursuite de la production et de l’autre, les salariĂ©s, qui doivent travailler dans des conditions dangereuses pour leur santĂ©. L’unitĂ© est impossible entre le personnel hospitalier qui essaie de sauver des vies avec trop peu de ressources et un ministre qui, pendant des annĂ©es, a rĂ©duit les budgets de la santĂ©. Qu’est-ce qui pourrait bien lier les caissiĂšres sacrifiĂ©es d’un grand magasin Ă  leur direction qui ne veut pas perdre de temps dans les rĂšgles de protection de base ? Rien. L’unitĂ© nationale ressemble Ă  des ƓillĂšres que la classe dirigeante voudrait nous mettre. « Ayez confiance en nous ! Oubliez votre intĂ©rĂȘt personnel ! Nous nous occuperons du bien commun. Â» Plus les tensions sociales sont vives, plus la classe dirigeante pousse ce cri d’ Â« unitĂ© nationale Â», pour faire passer le message : « Les diffĂ©rences politiques ou les antagonismes sociaux ne comptent plus. Â» Rien n’est plus Ă©loignĂ© de la vĂ©ritĂ©. Les chefs de gouvernement, les hommes politiques traditionnels et les patrons se rendent compte qu’ils sont assis sur le sommet d’un volcan qui entrera tĂŽt ou tard en Ă©ruption. Ils essaient donc de prĂ©tendre qu’ils veulent notre bien, qu’ils existent pour veiller sur notre santĂ©, qu’ils font tout pour nos emplois et pour notre avenir. De cette façon, ils tentent de se mettre Ă  l’abri de la colĂšre populaire qui explosera tĂŽt ou tard. Ce n’est pas non plus un hasard si le gouvernement se montre solidaire des actions d’applaudissement chaque soir Ă  20 heures pour le personnel de santĂ©. Il veut faire oublier que, des annĂ©es durant, il a rabotĂ© le budget de la santĂ©, que les tĂąches de soins dans les hĂŽpitaux sont dĂ©sormais minutĂ©es, que les mĂ©thodes de ‘just-in-time’ et de ‘zĂ©ro stock’ empruntĂ©es Ă  l’industrie manufacturiĂšre se sont gĂ©nĂ©ralisĂ©es et mĂšnent aux pĂ©nuries actuelles de matĂ©riel de soin.

Les erreurs du systĂšme deviennent visibles Ă  l’Ɠil nu

Les situation de crise produites par des tremblements de terre, des tempĂȘtes, des Ă©pidĂ©mies, etc., rĂ©vĂšlent toujours de nombreuses failles d’un systĂšme. Ce qui Ă©tait autrefois invisible Ă  l’Ɠil nu devient soudain visible. En dehors de ces crises, une loupe (ou mĂȘme un microscope) est souvent nĂ©cessaire pour distinguer les dĂ©fauts dans la structure de la sociĂ©tĂ©. La commotion sociale produite par une catastrophe a l’avantage de secouer la population et de la sortir de plusieurs annĂ©es d’apathie politique.

Une crise sanitaire comme celle du coronavirus nous oblige Ă  considĂ©rer la santĂ© non pas comme une affaire individuelle mais comme un problĂšme social. La santĂ© est dĂ©sormais analysĂ©e comme une question collective, politique et sociale. Elle devient un sujet dĂ©battu vivement par toutes les couches de la population : dans la famille, sur le lieu de travail, Ă  l’Ă©cole. Personne ne peut plus se permettre d’ĂȘtre indiffĂ©rent ; tout le monde a une opinion ou demande l’opinion de quelqu’un d’autre.

De plus en plus de monde prend conscience que le systĂšme de santĂ© a Ă©tĂ© sous-financĂ© pendant des annĂ©es, soumis aux intĂ©rĂȘts du secteur privĂ© et gĂ©rĂ© comme une entreprise industrielle. Ce sont lĂ  les signes d’une politisation Ă  grande Ă©chelle.

Pas de quarantaine pour la lutte des classes 

Avec « l’unitĂ© nationale Â», la classe dirigeante prĂ©tend introduire une pause dans les luttes sociales et politiques. C’est une autre escroquerie. Ce qu’elle souhaite, c’est que le mouvement syndical mette sa lutte en « quarantaine Â». Entretemps, elle pourra ainsi mieux imposer son programme antisocial : c’est, entre autres, l’objectif des pouvoirs spĂ©ciaux accordĂ©s au gouvernement par tous les partis sauf le PTB (le Vlaams Belang s’est abstenu). En rĂ©alitĂ©, l’ Â« unitĂ© nationale Â» cache une lutte de classes menĂ©e unilatĂ©ralement par les patrons. Heureusement, de nombreux travailleurs ne sont pas impressionnĂ©s par cette injonction. Sous la forte pression de la base dans les entreprises, les directions ont temporairement arrĂȘtĂ© leurs activitĂ©s Ă©conomiques. Dans des dizaines de grandes entreprises, c’est grĂące Ă  l’initiative des travailleurs et de leurs dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux que le chĂŽmage Ă©conomique a Ă©tĂ© introduit. Chez Audi Bruxelles, par exemple, le syndicat socialiste du mĂ©tal a menacĂ© de faire grĂšve. Dans les succursales de Brico Ă  Bruxelles, ce sont les travailleurs eux-mĂȘmes qui ont pris l’initiative de fermer les magasins ; les dirigeants sont restĂ©s totalement sourds aux inquiĂ©tudes des employĂ©s. Il en va de mĂȘme pour les usines de Volvo Cars et Volvo Trucks. Mardi dernier, un responsable du syndicat chrĂ©tien METEA a dĂ©crit la situation dans les entreprises comme Ă©tant « explosive Â». Dans le secteur des titres-services, les syndicats, sous la pression de leurs membres, demandent la fermeture temporaire de tout le secteur. Dans la chimie, les syndicats exigent Ă©galement l’arrĂȘt de toute activitĂ© non essentielle.

Dans le secteur de la santĂ©, les syndicats souhaitent dĂ©sormais que le financement fĂ©dĂ©ral des Ă©tablissements de soins de santĂ© soit garanti et qu’il n’y ait pas de nouvelles coupes budgĂ©taires. Le cabinet de Maggie De Block leur a donnĂ© une rĂ©ponse nĂ©gative. Les syndicats espĂ©raient pourtant un geste du gouvernement aprĂšs avoir « mis Ă  disposition Â» le fonds blouses blanches (400 millions normalement destinĂ©s Ă  amĂ©liorer les conditions de travail des infirmiers) pour combattre le coronavirus
 Quelle naĂŻvetĂ© ! Le nouveau gouvernement WilmĂšs reste dans la continuitĂ© des politiques d’austĂ©ritĂ© des gouvernements prĂ©cĂ©dents.

Syndicats, imposez l’arrĂȘt des activitĂ©s non essentielles !

Le mouvement ouvrier, en commençant dans les entreprises et avec les dĂ©lĂ©guĂ©s militants, a demandĂ© et pris des mesures pour la protection de la santĂ© des travailleurs. Cela a souvent eu lieu par la pression de la base, par des grĂšves ou par le recours massif au congĂ© de maladie. NĂ©anmoins, les syndicats auraient dĂ» imposer, dĂšs le dĂ©but de la situation d’urgence, l’arrĂȘt temporaire et immĂ©diat de toute activitĂ© non essentielle. Trop de dirigeants syndicaux restent engluĂ©s dans la collaboration de classe et ne misent pas sur la lutte de classes pour changer le rapport de force. Cela explique leur timiditĂ©, parfois mĂȘme leur opposition, Ă  la demande de cessation de l’activitĂ© Ă©conomique.

Or cette demande est toujours d’actualitĂ© : elle demeure le meilleur moyen de contenir la propagation du virus. Piet Vanthemsche, qui conseille le gouvernement au sein du Economic Risk Management Group, s’obstine Ă  affirmer que les gens devraient continuer Ă  travailler “dans la mesure du possible”. Dans la liste Ă©tablie par un nouvel arrĂȘtĂ© du gouvernement, deux tiers des activitĂ©s Ă©conomiques sont considĂ©rĂ©es comme essentielles. C’est une mauvaise blague ! Cette liste a Ă©tĂ© Ă©tablie unilatĂ©ralement avec le patronat, sans concertation avec les syndicats : c’est donc une liste patronale. On voit bien Ă  quoi sert l’unitĂ© nationale : Ă  faire passer les intĂ©rĂȘts du patronat pour l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. En Italie, aprĂšs de nombreux et trop longs contretemps, le gouvernement a finalement pris la dĂ©cision de paralyser l’Ă©conomie non essentielle. Le report de cette mesure a coĂ»tĂ© de nombreuses vies. Une fois de plus, le profit prime sur la santĂ© ! Les syndicats sont devant un choix : accepter cette liste (ou l’amender en concertation avec le patronat), ou bien imposer par l’action de grĂšve la fermeture des secteurs non essentiels. Il en va de la vie des travailleurs et de leurs familles.

En coulisses aussi, le FEB, la VOKA, l’UWE, etc., prĂ©parent leurs plans d’aprĂšs confinement. Sans en connaĂźtre tous les dĂ©tails, on peut ĂȘtre certain que le patronat va lancer une offensive sans pareille contre les travailleurs, le droit social, la sĂ©curitĂ© sociale et les droits syndicaux. Bart De Wever parle ainsi d’un vĂ©ritable « bazooka Â» pour la « gestion d’aprĂšs crise du coronavirus Â». Ce « bazooka Â» risque d’ĂȘtre une vĂ©ritable arme de destruction sociale massive.

Plus de demi-mesures

L’Ă©conomie mondiale s’effondre actuellement. Le virus n’en est pas la cause, juste un catalyseur. L’Ă©conomie internationale Ă©tait dĂ©jĂ  en difficultĂ© partout dans le monde, avant que le virus ne commence Ă  faire rage. En Belgique, nous avons aujourd’hui 200 Ă  300 000 chĂŽmeurs Ă©conomiques. Certaines Ă©tudes prĂ©voient un million de chĂŽmeurs dans un avenir proche. Cette situation est intenable. Certains des chĂŽmeurs Ă©conomiques seront licenciĂ©s au bout d’un certain temps. Ceux qui restent dans les entreprises se verront imposer un rĂ©gime social draconien. Comme en 2008, les patrons vont vouloir nous faire payer leur crise. Les gouvernements accumulent maintenant partout des dettes Ă©normes pour amortir les effets de la crise. Au lieu d’un impĂŽt d’urgence sur les millionnaires et les milliardaires, ils optent pour un dĂ©ficit budgĂ©taire et une dette publique accrus. Tout comme en 2008, nous en paierons le prix.

C’est pourquoi, Ă  partir d’aujourd’hui, nous devons Ă©tablir notre propre feuille de route et prĂ©parer nos propres « bazookas Â». Le temps des demi-mesures est rĂ©volu. La rĂ©volution socialiste est la seule alternative. Beaucoup de gens n’y croient pas encore. Mais les Ă©vĂ©nements des semaines prĂ©cĂ©dentes et surtout ceux des mois Ă  venir vont changer cela. Nous en sommes convaincus. De plus en plus de gens commencent Ă  rĂ©aliser que le capitalisme est l’autre maladie que nous devons combattre.

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